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Julian Kelly, Willow et le futur quantique

Temps de lecture : 5 minutes
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Les forces invisibles qui réinventent notre monde

Dans l’immensité de l’univers, des forces invisibles façonnent tout ce qui nous entoure, guidées par les mystérieuses lois de la mécanique quantique. C’est un royaume étrange et fascinant où l’incertitude côtoie l’infiniment petit, et où les systèmes s’adaptent en explorant simultanément une multitude de possibilités vertigineuses.

Au même titre que la nature qui sculpte et ajuste son environnement, l’informatique quantique s’inspire de cette ingéniosité. Elle devient une clé majeure pour ouvrir des portes autrefois verrouillées, résolvant des défis titanesques avec des solutions qui promettent de transformer notre avenir.

Imaginez un fleuve à la merci d’un terrain accidenté, s’écoulant sans relâche, contournant les rochers, traçant un chemin nouveau lorsque les obstacles se dressent devant lui. Cette adaptabilité impressionnante évoque l’esprit derrière Willow, la dernière percée de Google Quantum AI. Willow n’est pas simplement une avancée technique : elle est le reflet d’un subtil apprentissage inspiré du monde naturel et marque une étape déterminante dans notre quête de créer des ordinateurs quantiques à grande échelle.

Cette invention incarne la conviction que
ce qui semble impossible aujourd’hui
peut devenir réalité demain.

La route vers l’impossible

Je m’appelle Julian Kelly, directeur du matériel chez Google Quantum AI. Depuis ma première rencontre avec un qubit en 2008, l’informatique quantique m’a captivé par son potentiel presque surnaturel.

Lorsque j’ai rejoint Google en 2015, notre équipe nourrissait une ambition audacieuse : repousser les limites des ordinateurs classiques en bâtissant des machines quantiques capables de réaliser l’impossible. Ce rêve s’est manifesté à travers des jalons illuminant notre chemin, comme des étoiles brillantes dans une nuit sans fin.

En 2017, nous avons mis au monde notre première puce quantique, Bristlecone, suivie de près par le lancement de Sycamore en 2018. Sycamore annonça un moment historique : en 2019, il surpassa pour la première fois un superordinateur classique dans une tâche complexe d’échantillonnage aléatoire de circuits.

Mais malgré cet exploit, Sycamore restait limité par une contrainte essentielle : la durée pendant laquelle ses qubits pouvaient maintenir leur état cohérent.
Un peu comme un jongleur brillant mais incapable de maintenir ses balles en l’air plus qu’un instant.

C’est précisément ici que Willow change la donne. Nous avons non seulement réussi à multiplier par cinq la durée de cohérence des qubits, atteignant 100 microsecondes, mais nous avons également conservé les qualités qui faisaient de Sycamore un chef-d’œuvre technique.

Julian Kelly, willow et le futur quantique
Willow est à Sycamore ce qu’un entraînement acharné est à un athlète prodige : elle l’affine, le renforce et le propulse vers une nouvelle dimension d’excellence.

La clé d’une révolution

Pour accomplir cette étape cruciale, nous avons mis en œuvre une prouesse d’ingénierie dans notre usine de fabrication de Santa Barbara, l’un des rares laboratoires au monde où une telle innovation soit possible. Dès ses débuts, Willow a surpassé nos attentes, réalisant une avancée longtemps rêvée : un fonctionnement en dessous du seuil critique de correction des erreurs quantiques.

Julian Kelly, willow et le futur quantique

Imaginez une horloge tellement intelligente qu’elle peut corriger ses propres dysfonctionnements en temps réel. Chaque minute qu’elle mesure devient une quête vers une précision infinie, transformant les erreurs en anecdotes insignifiantes. C’est ce que Willow accomplit avec une élégance inouïe.

Avec ses qubits physiques interconnectés et l’ingéniosité de ses codes de surface, Willow offre une robustesse croissante à mesure que nous complexifions ses calculs. C’est comme si chaque maillon d’une chaîne devenait un bijou plus solide et plus précis à mesure que l’on allongeait cette chaîne, sans jamais risquer de briser sa cohérence.

Des perspectives époustouflantes

Julian Kelly, willow et le futur quantique

Pour mettre à l’épreuve les capacités de Willow, nous l’avons confrontée à l’un des défis les plus exigeants : l’échantillonnage de circuits aléatoires, cette fois face à un superordinateur parmi les plus puissants du monde. Le résultat laisse songeur : ce que Willow réalise en moins de cinq minutes nécessiterait entre 10 et 25 ans pour ce superordinateur classique.

Pour donner une image, c’est un peu comme parcourir la distance entre la Terre et Mars en cinq minutes lorsqu’un vaisseau conventionnel le ferait en plusieurs décennies.
La comparaison dépasse l’entendement et illustre l’écart colossal entre informatique classique et quantique.

D’un point de vue technique, nous n’en sommes pas simplement à franchir des étapes : nous redessinons le paysage tout entier. Willow transcende les capacités actuelles des supercalculateurs. C’est l’équivalent de passer d’un vélo possédant trois vitesses à un avion supersonique capable de briser la barrière du son.

L’art de la maîtrise : les rouages de l’excellence

Ces accomplissements reposent sur des qubits soigneusement orchestrés et des coupleurs réglables, le noyau même des opérations de Willow.
Imaginez un orchestre symphonique où chaque musicien ajuste sa note avec une précision absolue pour créer une harmonie parfaite. Willow fonctionne de cette manière synchronisée et équilibrée.

Cependant, comme tout instrument complexe, certains qubits se montrent parfois capricieux, des « fausses notes » au milieu d’une mélodie sophistiquée.

Julian Kelly, willow et le futur quantique

Grâce à nos technologies avancées, nous avons mis au point des mécanismes pour identifier, corriger et réintégrer ces anomalies dans l’ensemble de l’appareil.

Nous tirons également parti de logiciels innovants pour optimiser chaque aspect du système.
C’est comme si un horloger ajustait perpétuellement un mécanisme déjà parfait pour repousser encore ses propres standards d’excellence.

L’horizon infini de Willow

Willow n’est pas uniquement une prouesse d’ingénierie informatique : elle symbolise une porte ouverte sur un futur aux possibilités infinies. Avec ses qubits ultra-connectés, ses bas taux d’erreur et ses performances défiant l’imagination, elle incarne l’équilibre ultime entre audace scientifique et efficacité technique.
Et ce n’est qu’un début.

Julian Kelly, willow et le futur quantique

Notre ambition va bien au-delà : bâtir des ordinateurs quantiques à grande échelle capables d’exploiter pleinement la correction d’erreur pour attaquer les problèmes les plus complexes. Les applications potentielles sont presque illimitées : simuler des matériaux pour des batteries révolutionnaires, concevoir des médicaments inédits, ou encore développer des solutions énergétiques pour alimenter durablement une planète entière.
Ce qui relevait autrefois de la science-fiction se matérialise sous nos yeux.

Avec Willow, nous ne poursuivons pas simplement des rêves lointains : nous changeons les équations fondamentales de ce qui est possible.
Tout comme les marins se laissaient guider par les étoiles pour naviguer à travers des horizons inconnus, nous explorons les confins de la science, façonnant un avenir où l’impossible deviendra non seulement faisable, mais inévitable.